Le christianisme, le clergé

Fra Angelico, XIVe siècle, Couvent de St Marc, Florence

Le christianisme nait dès le 1er siècle après Jésus-Christ, en Palestine. Cette nouvelle religion est fondée sur l’Amour et la Fraternité des hommes. Au départ, simple secte dérivée du judaïsme palestinien, elle est tolérée en tant que telle par les autorités romaines. Beaucoup de gens adhèrent très rapidement à cette philosophie et se convertissent au christianisme. Mais les Romains pensent que Jésus de Nazareth, né à Bethléem, représente un danger pour eux, ils l’arrêtent et le crucifient. Les chrétiens seront alors pourchassés et persécutés et leur religion sera interdite jusqu’en 313 où l’Empereur Constantin mettra fin aux persécutions puis, dès la fin du IVe siècle, le christianisme devient la religion officielle de l’Empire.

Le premier souverain de Gaule à se convertir par opportunisme plus que par la foi fut Clovis (466/511). Le catholicisme devient en France la principale religion, décrétée « religion d’Etat », fille aînée de l’Eglise, et les rois de France étaient appelés « rois très chrétiens ». Mais déjà, en 431, Nestorius évêque de Constantinople produit une des premières fissures du christianisme entre l’église Byzantine de l’ouest et l’église Assyrienne de l’est.

Le concile de Chalcédoine est le 4ème concile œcuménique et aura lieu dans un quartier chic de la ville d’Istanbul réunissant 343 évêques en 451. L’évêque de Rome, Léon de Grand, pressentant le danger, refuse d’accepter le titre de « Nouvelle Rome » à Constantinople car cela aurait accordé de ce fait la primauté de cette ville sur tous les autres patriarcats. Cela déclenchera le « Grand Shiisme » d’Orient de 1054, lutte de suprématie entre Rome (catholique) et Constantinople (orthodoxe).

Ce problème réglé avec l’Orient, un autre « Grand Shiisme » d’Occident celui-ci, au XIVe siècle, secouera l’église catholique car il oppose dès 1378, les papes concurrents qui s’entredéchirent pour conserver la suprématie et le pouvoir absolu en Occident. De par le monde, de nombreuses dissidences se créent dans l’église catholique et dès le XVIe siècle naissent des courants plus ou moins influents : les anabaptistes, les mennonites, les luthériens, les baptistes, les unitariens, les pentecôtistes, les méthodistes, les anglicans, les calvinistes, les presbytériens……………. Rome longtemps la place réservée de la Papauté, laissera un temps sa place à Avignon qui sera du temps de Bertrand de Got (1264/1314), dit Clément V, le siège de cette même papauté, autorité suprême de l’Eglise catholique.

Dans l’Europe du XIe au XIIIe siècles, la religion chrétienne et l’Eglise sont omniprésentes. Le « Moyen Age Médiéval » est marqué par le renforcement du pouvoir du pape et du clergé. L’encadrement des croyants de l’Eglise se fait jusque dans les évènements importants de leur vie privée (naissances, baptêmes, mariages, décès). Tous les récalcitrants ou dissidents sont sévèrement punis avec le soutien du pouvoir politique. Le pape n’a de cesse que de renforcer son pouvoir face aux grands souverains européens. Ces derniers ne contestent pas le rôle du souverain pontife mais en revanche, ils veulent garder comme prérogative le fait de pouvoir nommer les évêques. Il en résulte que, nommés par les souverains, les grands évêques étaient plus proches du pouvoir impérial que de celui du pape et, par conséquent, avaient un poids non négligeable dans la nomination des papes.

A partir de 1059, l’élection pontificale est faite par les cardinaux. Le nouveau pape Grégoire VII (1073/1085) décide ainsi de renforcer le pouvoir de l’Eglise. Il décide aussi, de nommer lui-même les évêques et faire en sorte que l’Eglise catholique soit totalement dirigée par Rome. Henri IV, empereur germanique, ne l’entend pas de cette oreille et en 1076 et fait comprendre au pape qu’il abuse de la situation. Il faudra attendre 1122 pour que cette question se règle par le « compromis de Worms » qui permet aux souverains de garder l’investiture temporelle (ils proposent des noms) alors que le pape garde l’investiture spirituelle (la nomination).

Grégoire VII envisage de réformer l’Eglise en profondeur et surtout supprimer les abus de certains membres du clergé. En effet, l’Eglise s’enrichit grâce à un impôt très lourd : la dîme. Il est courant que les Grands Prélats vivent dans l’opulence voire le luxe entouré de courtisans et de……………courtisanes. Grégoire V décide de modifier leur mode de vie afin que ces clercs (membres du clergé) se rapprochent des fidèles, favorisent l’expansion du christianisme et, en conséquence, contribueront à maintenir la paix et la justice sociales. Il s’oppose fortement au mariage ou concubinage des prêtres ce qui lui vaut une certaine animosité ambiante.

Le clergé est divisé en deux groupes : le clergé séculier (archevêques, évêques, prêtres, religieuses) directement en contact avec les fidèles et le clergé régulier qui vit généralement dans des monastères (abbés, moines, moniales). Mais au XIe siècle, ce sont les Ordres prônant la pauvreté qui ont le plus grand succès. De nombreux croyants veulent un retour vers un christianisme plus proche de la pauvreté et du dénuement du Christ (débat très important et clivant au sein de l’Eglise). En 1098, Robert de Molesmes quitte une abbaye cistercienne pour fonder l’ordre de Cîteaux (en Bourgogne) : silence, pauvreté, austérité, prières régulières, simplicité de la vie quotidienne, travail manuel……. Mais, malheureusement, ces grands ordres monastiques deviennent peu à peu, de grands propriétaires terriens et s’éloignent rapidement de leur vocation première : ils deviennent riches, des seigneurs à leur tour, font travailler les paysans et leur prélèvent la dîme. Leurs abbés sont souvent des nobles et se rapprochent du pouvoir politique. Ils se couperont des populations et seront plus ou moins rejetés par les fidèles.

Au XI et XIIe siècle, les populations sont très croyantes. Cependant, là aussi, la manière de concevoir la religion est différente entre les élites et la base populaire. Les élites ont une meilleure éducation chrétienne et respectent le dogme religieux. Ces élites intellectuelles, essentiellement des clercs, lisent les textes sacrés et les ouvrages de références. A contrario, 95% de la population est analphabète et n’a qu’une éducation religieuse sommaire donnée par des prêtres qui ne sont pas tous très lettrés. Les croyances populaires sont également souvent polluées de superstitions (sorcières, diables, fantômes) et de la peur d’aller en enfer. Les populations multiplient les rites, les prières, les signes religieux pour sauver leur âme et aller au paradis. Alors, pour ne pas avoir à choisir qu’entre l’enfer et le paradis, l’Eglise crée au XIe siècle le purgatoire, un lieu où les âmes pécheresses séjourneront le temps de se faire pardonner quelques péchés véniels et ainsi mériter le pardon divin et rejoindre finalement le paradis.

Le clergé regroupe ses croyants dans une paroisse, qui correspond aujourd’hui à un village. Les paysans sont ainsi pris entre deux feux : d’un côté l’Eglise et de l’autre le seigneur. On parle d’encellulement et les ruraux sont enfermées à vie dans un système qui les oppresse et ne peuvent en sortir : ils y naissent, y font leur communion, s’y marient, y procréent, puis y meurent.

L’Eglise et son clergé renforcent leur pouvoir mais rejettent et veulent éliminer les autres formes de religion ou de religiosité. Les croisades en sont la forme la plus caractéristique. Véritables pèlerinages armés, elles visent à reconquérir des territoires chrétiens perdus ou menacés. Saint Augustin (un des Pères de l’Eglise) définit ces croisades vers la Palestine et Jérusalem de « guerres justes et saintes ». En réalité, elles n’ont qu’un but : l’expansion du christianisme et la suprématie de l’Eglise. La première croisade a lieu en 1099 pour aller défendre les chrétiens byzantins menacés par des Turcs seldjoukides. Le pape veut instaurer la « Paix de Dieu » mais en réalité, il éloigne les seigneurs qui se querellent en permanence, pour les envoyer conquérir les « lieux saints » et leur promet la rédemption de leurs péchés et le salut de leur âme. Des ordres de moines soldats sont créés : templiers, chevaliers teutoniques……………Plus près de chez nous, une croisade aura lieu sur la péninsule ibérique pour reconquérir les territoires toujours occupés par les musulmans qui capituleront définitivement en 1492 avec la chute de l’Emirat de Grenade.

L’Eglise veut évangéliser les derniers territoires d’Europe du Nord et de l’Est encore païens. Elle ordonne aux chevaliers teutoniques de réduire les dernières zones de paganisme et conquièrent de vastes territoires. Les « ordres mendiants » vivront pauvrement au contact des populations pour finir de les évangéliser.

L’Eglise veut réprimer les derniers foyers de dissidence religieuse mais certains d’entre eux n’hésitent pas à l’affronter : les Vaudois à Lyon, les Cathares dans le Languedoc, les Albigeois dans le Centre……. Le pouvoir politique s’en mêle et les seigneurs du Nord mêlés à certains du Sud affrontent les dissidents Cathares (ou certaines communautés juives) qui seront capturés et exécutés sans autre forme de procès.

Pour rétablir le dogme chrétien et une foi orthodoxe (conforme à la règle) l’Eglise créera les « tribunaux de l’inquisition » au milieu du XIIIe siècle qui sont des tribunaux chargés de la lutte contre les hérétiques mais aussi de leur conversion.

Bien plus tard, en 1801, Napoléon œuvrera pour réconcilier les révolutionnaires et le clergé, établir le Concordat par lequel l’Etat subventionne non seulement le catholicisme mais aussi le judaïsme et les bandes luthériennes et calvinistes (protestantisme). Face à l’opposition croissante des groupes anticléricaux, mécontents de l’emprise et de l’influence de l’Eglise catholique dans l’éducation et la politique, la Troisième République fit une série de réformes qui réduisit cette influence malgré les virulentes protestations des groupes cléricaux qui voulaient garder toutes leurs prérogatives (Ultramontanisme).

En 1905, la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat enlève leur statut spécial aux 4 religions d’Etat mais leur laisse l’utilisation gratuite des bâtiments cultuels dont elles avaient été dépossédées pendant la révolution de 1789.

JD Birebont, novembre 2008

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