Compléments historiques

Les anecdotes relatées ci-dessous sont complémentaires à celles du tome I et pourront apporter un certain éclairage sur les évènements castelnaudais.

On se souvient qu’en 1307, Pierre de Grely avait épousé Assahilde de Bordeaux qui mourut en 1327. Ils eurent une fille, Brunissen, qui se mariera à Bérard d’Albret, fils d’autre Bérard seigneur de Vayres et de Verteuil. Le contrat de leur mariage fut passé dans les cloîtres de l’Eglise Saint André le 18 juin 1336. Veuf d’Assahilde, Pierre de Grely se remarie avec Ayremburge, sœur d’Archambaud comte du Périgord. De ce mariage fut procréé Archambaud de Grely, futur captal de Buch.

Aux environs de Meaux, une révolte paysanne d’environ 40000 individus armés de fourches et de masses, élisent un chef nommé Jacques Bonnerre dont l’insurrection prendra le nom de Jacquerie. Ils conspirent pour la perte de la Noblesse et on ne sauroit exprimer les ravages qu’ils font dans la campagne ni les cruautés horribles qu’ils y exercent. Ils étaient sur le point de forcer la ville de Meaux occupée par le duc d’Orléans et son épouse, lorsque Jean III de Grely, revenant de Prusse avec le comte de Foix et leurs 60 lanciers gascons, entre dans la ville, charge les révoltés et les met en fuite après en avoir tué 7000.

Jean III de Grely commanda les troupes de Charles II roi de Navarre à la bataille de Cocherel en 1364 mais il y fut fait prisonnier par le roi de France. La paix surviendra rapidement l’année suivante entre ces deux rois belligérants grâce à l’aide et le grand sens de Monseigneur le Captal de Buch Jean de Grely. Le roi de France lui en témoigna beaucoup de bienveillance et en reconnaissance, lui donna la terre et le château de Nemours. La satisfaction du roi de France fut de courte durée car, de retour auprès du prince de Galles, Jean III de Grely dépêcha son écuyer pour renvoyer son hommage au roi de France et à renoncer au don qu’il en avait reçu. Il en fut rapidement dédommagé par le roi de Navarre qui, par Lettres Patentes du mois de mai 1365, lui assigna 3000 livres et la châtellenie de Conches en Normandie. Pour ne pas être en reste, le prince de Galles voulant récompenser les différents services rendus par Jean III de Grely, lui donna (et à ses descendants mâles) le comté de Bigorre avec tous les droits qui en dépendaient (Lettres Patentes du 27 juin 1369 faites à Angoulème). Mais la guerre ne tarde pas à se rallumer entre la France et l’Angleterre et Jean III de Grely fut à nouveau fait prisonnier en 1372. Charles V, roi de France, refusa de rendre le captal de Buch aux anglais car il étoit pour ce jour le Chevalier de Gascogne et d’Angleterre que le roi de France désiroient le plus à tenir parce qu’il étoit moult fort hardi et bon Capitaine. Jean III de Grely mourut dans sa prison en 1377 et enseveli dans l’Eglise du Temple de Paris.

Sans postérité, ce sera donc son oncle Archambaud de Grely (fils de Pierre II et d’Ayremburge du Périgord) qui héritera de la seigneurie de Castelnau en Médoc le 19 octobre 1380. Archambaud épouse Isabelle de Foix, dame de Navailles, fille de Roger Bernard Vicomte de Castelbon, et c’est l’évêque d’Urgel en Catalogne qui leur impartit la bénédiction nuptiale au château de Civrac le 20 août 1381. En 1399, Mathieu de Castelbon, comte de Foix et de Béarn, meurt sans postérité et c’est Isabelle de Foix, sœur unique de Mathieu, qui hérite de tous ses biens et rattache ainsi les comtés de Foix et de Béarn à la maison de Grely. C’est depuis cette période que la branche de Grely n’a plus été connue que sous le nom de branche de Foix.

Archambaud de Grely, avant même de devenir comte de Foix, était un des principaux seigneurs du pays bordelais. On peut juger de son influence lorsqu’il s’opposa vigoureusement au duc de Lancastre en 1394, fraîchement élu duc de Guienne par Richard II roi d’Angleterre par Lettres Patentes du 2 mars 1389 faites à Westminster. Arrivé à Lormont le 9 février 1394, le duc de Lancastre n’obtint l’autorisation que de s’installer à Saint-Seurin et ce n’est que le 14 mars suivant, après d’âpres négociations, qu’Archambaud obtient de ce même duc de Lancastre la ratification de la possession de la seigneurie de la Tresnes ainsi que celle de la Mothe en Buch. De son mariage avec Isabelle de Foix, Archambaud aura 5 enfants mâles. Ce sera son second fils Gaston qui héritera des terres avec, entre autres, le château de Castelnau (titre daté du 20 juin 1432, voir tome I ).

Plus tard, Gaston III de Foix, est qualifié le 4 décembre 1529 et le 8 mai 1538 : seigneur , Baron de Castelnau. Il avait épousé en premières noces, Catherine de Lescun fille d’Odet Deydie, Vicomte de Comminges et de Marie de Lescun. Veuf, il épousa en secondes noces Marthe fille héritière de Jean III comte d’Astarac. Il fut père en premier lieu de François de Foix (Comte de Candale), de Christophe de Foix (évêque d’Aires décédé en 1569) et de François de Foix de Candale (successeur de son frère décédé à l’évêché d’Aires). Ce prélat fonda une chaire de Mathématiques au Collège de Guienne le 29 juillet 1591 et l’enregistra au Parlement par devant le notaire Dechadirac le 6 août suivant. Puis, Gaston III de Foix et Marthe d’Astarac furent parents de 2 filles : Marie de Foix de Candale (future Vicomtesse de Ribérac, ce sera cette dernière que l’évêque d’Aires François instituera comme héritière universelle le 15 mai 1592). Enfin, naîtra en dernier, Jacqueline de Foix de Candale.

Le premier fils de Gaston III, François, se mariera avec Françoise de la Rochefoucault et ils auront un enfant Henri de Foix de Candale qui épousera Marie de Montmorency ( Pair et Connétable de France). Henri fut tué au siège de Sommières et laissa deux filles : Françoise, qui sera abbesse de Sainte-Glossine de Metz, et Marguerite de Foix de Candale l’aînée qui fut l’héritière universelle de Henri et Marie. Elle se mariera en 1587 avec Louis Nogaret de la Valette, duc d’Epernon.

Comme je le rappelle sur le tome I, la seigneurie de Castelnau est considérée comme la plus considérable du Médoc après celle de Lesparre et de Blanquefort. Elle jouit du droit de Haute Justice sur les paroisses ou quartiers de Castelnau, Salaunes, le Porge, Listrac, Cussac, Moulix, y compris Broustéra et Bouqueyran, Courgas aujourd’hui Saumos et Sérigas.

Enfin, on est en droit de penser que, lorsque le bourg de Castelnau commença à se former, on sentit la nécessité de construire une église (chapelle) attenante au château, annexe en premier lieu de l’archiprêtré de Saint-Saturnin à Moulix, dans les anciens pouillés du Diocèse. Un peu plus tard, cette église est devenue maîtresse de ses droits et c’est par ces diverses gradations que s’est formée la paroisse de Castelnau qui n’est pas, à beaucoup près, très ancienne. On dénombre en 1770, 245 feux (foyers) ce qui supposeroit une population de 1225 personnes. 4 foires annuelles les samedis : le jour des Cendres, avant le jour des Rameaux, avant le dimanche de la Trinité et avant la fête de la Toussaint.

Pour terminer, un petit rappel : au XIVe siècle, l’abbé Expilly prétendra que Castelnau était l’emplacement de la ville engloutie de Noviomagus ce qui paraîtra dépourvu de toute vraisemblance aux historiens car, à ce jour, aucun vestige d’antiquité n’a été mis à jour sur le territoire de notre commune (même pas l’existence du souterrain du château, dommage).

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Pierre René Chauvet 1879/1964

Une autre figure castelnaudaise s’est illustrée hors des frontières de notre bourgade.

Pierre Aramis Chauvet, boucher de notre village, épouse le 27 novembre 1878 à Castelnau de Médoc, Jeanne Marine Adine Jeantry. Rapidement enceinte, Adine accouche le 27 septembre 1879 d’un petit garçon que les époux appelleront Pierre René. Ayant passé toute son enfance et suivi sa scolarité à Castelnau, l’adolescent passionné de musique, d’art et de littérature, grandira au travers d’études littéraires à Bordeaux, d’études musicales au grand conservatoire de Paris pour assouvir son rêve de jeunesse et devenir un compositeur reconnu, chef d’orchestre de concerts de musique classique puis directeur du Grand Théâtre de Bordeaux de 1914 à 1928, Bordeaux où il sera domicilié 103 boulevard David Johnston. Il sera engagé volontaire et mobilisé du 2 août 1914 au 30 janvier 1919 comme adjudant dans les Chasseurs Alpins (46ème division d’Infanterie) à Nice, combattra dans les Vosges et sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1930. A la fin des hostilités, il s’exilera à Vichy (03) où il deviendra Directeur du Grand Casino.
Très prolifique, il publiera un grand nombre d’œuvres musicales de tous genres : l’anniversaire opéra-comique en 2 actes, Il était une bergère opéra-comique en 1 acte, scènes pyrénéennes suite et orchestre de danses basques variées en 1910, scènes de carnaval et autres danses basques………. Au Théâtre de Bordeaux, il créera de nombreuses pièces de théâtre dont fleurette, l’heure espagnole, le savetier du Caire, quand la cloche sonnera, l’amour sorcier, le Chevalier de la Rose……… Il écrira des musiques pour des pièces de la poétesse roumaine Hélène Vacaresco, représentante de la Roumanie à la Société des Nations mais aussi des poésies d’Alfred de Musset comme Adieux à Suzon.
Sur ses vieux jours, il sera Président Fondateur de la Mutuelle des Musiciens Anciens Combattants Bordelais (MMACB), Organisateur de manifestations de bienfaisance pour venir en aide aux œuvres suivantes : fédération girondine des œuvres antituberculeuses, le phare de Bordeaux pour la rééducation des aveugles, organisateur de colonies de vacances scolaires pour la Croix Rouge française, initiateur des crèches pouponnières de la Bastide, membre du jury du Conservatoire de Bordeaux, Fondateur et Directeur de la Société Philharmonique bordelaise, membre de la Société des Amis de l’Art………..
Il s’éteindra le 28 décembre 1964 à Bayonne (64) à l’âge de 85 ans.

De Jean-Claude Gaillard, octobre 2013

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Mairie de Castelnau, procès-verbal

L’an dix-huit cent quatorze et le quinze octobre (15 octobre 1814)

Nous, Alexis Lafon Ducluzeau , Maire de la commune de Castelnau de Médoc, chef-lieu de canton avons convoqué par autorisation de Mr le Sous-Préfet notre Conseil Municipal , dans une salle de la Mairie, , nous lui avons donné connaissance que la majeure partie des communes de la France, voulait donner à Louis XVIII , leur légitime Souverain, une preuve de leur attachement au Gouvernement et à sa personne, avaient supplié sa Majesté de recevoir l’hommage et l’abandon de la fourniture dont le remboursement avait été ordonné, en compensation d’une imposition de 1814.
Le Conseil Municipal de la commune de Castelnau présidé par le Maire, observe qu’à l’époque du 13 mars dernier, il a donné à son légitime Souverain une preuve non équivoque de son attachement à son Gouverneur et de sa personne.
Qu’en conséquence, l’Exemple d’autres communes pour influer sur leurs vœux et arrêtent qu’il sera fait une adresse au Roi en leur nom, et comme représentant la commune, pour supplier sa Majesté de promettre qu’ils offrent pour eux, et leurs administrés l’abandon des sommes qui restent bien à la commune, sur les fournitures qui ont été faites et dont la compensation était ordonnée sur l’avis d’imposition de 1814.
Arrêté de plus, copie de la présente délibération sera affichée pendant huit jours afin que les habitants en ayant connaissance et puissent faire inscrire à la Mairie en cas de refus de leur part.
Fait le délibéré en Conseil Municipal, le jour, mois et an susdits.
Documents signés par : Bergeron père, Labat, Bernon, Labadie, Hugon, Roux, Guiron, Taverzac, Tapy et Drillon, approuvé par Lafon Ducluzeau Maire de Castelnau.



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L’hygiène, autrefois

Ou, comment être propre sans eau :

Dans l’antiquité et jusqu’au moyen-âge, les odeurs du corps étaient « effacées ou atténuées » par des frottements et des parfums : frictions et ablutions sont alors les deux rituels sacrés en France. Pour pallier à la puanteur du corps sale, le renouvellement du linge par sa blancheur, sa matière, son esthétique, devient une règle et permet d’éclipser toutes ou parties des mauvaises odeurs. On n’hésite pas à agrémenter le « ressenti d’hygiène » par le poudrage des cheveux (qui en évite le lavage en en conservant la souplesse), le choix des dentelles qui ont la particularité de retenir les parfums dans les méandres de leurs arabesques, le rinçage de la bouche avec de la cannelle qui assurera un certain temps la fraîcheur de l’haleine, l’usage immodéré du parfum qui « recrée merveilleusement le cerveau » , des sachets d’herbes ou fleurs séchées placés sous les aisselles ou sur les hanches, glissés dans des plis de robe ou les revers des pourpoints……………… Tous ces artifices permettent de sauver la face mais après les ébats amoureux, les surprises devaient être de taille.

L’arrivée des salles de bains :

Un objet inédit apparait, après 1740 chez les nobles : « la chaise de propreté ». Plus tard baptisée « bidet ». Fin du XVIIIème, ce sera la naissance des cabinets de toilettes, ancêtres de nos salles de bains. Ces aménagements et innovations prouvent que l’usage de l’eau pour l’hygiène corporelle semble être une des préoccupations de nos ancêtres Il est bon de rappeler que, déjà sous Louis XIV, les baignoires existaient au palais de Versailles. Dans la salle de bain royale, 2 baignoires en bronze sculpté existaient : une servait au trempage et lavage et la seconde au rinçage. Le Roi ne se baignait pas nu mais dans une sorte d’ample chemise qui lui évitait de se brûler les bras sur les bords de baignoire trop chauds pour sa chair délicate. Les salles de bains ne deviennent réellement à la mode que sous Louis XVI, avec des cuves en cuivre et des baignoires sabots, et dès 1770, les premières copies des baignoires royales en tôle popularisent l’usage de cette nouvelle mode d’hygiène. Toutefois, on se baigne encore souvent dans les rivières, à côté des bateaux-lavoirs, en tenue d’Eve, à la grande indignation de certains et certaines qui critiquent cette pratique. Il faudra la création de bateaux « toués » abritant les baigneurs des regards indiscrets pour qu’enfin, les gens puissent s’adonner à leur toilette favorite. Mais ce n’est qu’au XIXème siècle que le bain devient une pratique usitée : bain frais pour son action tonique, bain tiède procurant calme et bien être, bain chaud en thérapie……… Le développement des adductions d’eau publique à Paris permet la multiplication des bains publics (125 à Paris en 1850). A la même date, 950 000 parisiens prennent plus de deux millions de bains, soit une moyenne de 2,23 bains par habitant et par an…………. Hygiène, vous avez dit hygiène ????

L’hygiène buccale :

Jusqu’au Moyen-Age, les dents sont très rarement frottées mais quand c’est le cas (dans les milieux nobiliaires) elles sont nettoyés avec les doigts mais aussi avec un cordon de soie (l’esguillette), ancêtre du fil dentaire existant encore aujourd’hui. C’est au XIVème siècle qu’apparaissent les premiers cure-dents fabriqués. La brosse à dent n’apparaitra en Chine qu’en 1498, mais il faudra attendre le XVIIème pour qu’elle soit introduite en Europe. Jusque-là, on se rince la bouche avec « une soupe de vin », voire de l’urine dont l’usage attesté depuis la civilisation romaine disparaitra définitivement au XVIème siècle. On peut comprendre que les mauvaises dentitions étaient monnaie courante en ces périodes-là.
Il faut attendre la Renaissance pour que l’hygiène buccale se développe afin d’éviter la fétidité de l’haleine et la perte prématurée des dents. Les premières poudres dentifrices, les eaux parfumées rafraichissantes, les cure-dents (mais aussi cure-oreilles et cure-ongles) envahissent les boutiques spécialisées. Toutefois, malgré tous ces progrès, le sourire n’apparait pas encore dans l’éventail de la séduction. C’est à partir du XVIIIème siècle que la brosse à dents se démocratise réellement mais que les médecins hygiénistes recommandent les gargarismes et le frottage systématique des dents à l’eau après chaque repas. Dans les couches populaires les bouches ne sont malheureusement que rincées et les sourires des enfants laissent apparaitre de très nombreuses caries.

L’hygiène capillaire :

Au début du VIIème siècle, Saint Colomban insiste dans ses monastères sur l’importance du nettoyage régulier des cheveux : c’est pourquoi, pour éviter la vermine et en simplifier l’entretien, les ecclésiastiques prennent l’habitude de se les raser. Mais, en dehors des congrégations religieuses, les cheveux sont peu soignés. Les chapeaux les enferment et les cachent, couverts de parasites qui sont considérés comme un dérèglement des humeurs (lié à l’alimentation) plus que comme une preuve de saleté. Et face à la vermine quotidienne, l’épouillage familial n’est pas rare, à l’instar des singes aujourd’hui.

C’est pour cacher son crâne chauve qu’Henri III met la perruque à la mode au XVIe siècle, mais le soin apporté aux perruques n’empêche pas les poux d’y proliférer. Si la mode des perruques s’estompe au XVIIIe siècle, il faut attendre le XIXe siècle pour que l’on recommande de savonner fréquemment le cuir chevelu, au jaune d’œuf ou à l’huile d’amande douce. Comme ces recommandations sont peu suivies d’effets, on conseille surtout de couper les cheveux très courts pour éviter poux et teignes. Ce n’est que depuis quelques décennies que les cheveux sont lavés régulièrement et avec d’autant plus de soins que leur aspect négligé et sale est immédiatement décelé.

JD. Birebont, octobre 2008

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Le christianisme, le clergé

Fra Angelico, XIVe siècle, Couvent de St Marc, Florence

Le christianisme nait dès le 1er siècle après Jésus-Christ, en Palestine. Cette nouvelle religion est fondée sur l’Amour et la Fraternité des hommes. Au départ, simple secte dérivée du judaïsme palestinien, elle est tolérée en tant que telle par les autorités romaines. Beaucoup de gens adhèrent très rapidement à cette philosophie et se convertissent au christianisme. Mais les Romains pensent que Jésus de Nazareth, né à Bethléem, représente un danger pour eux, ils l’arrêtent et le crucifient. Les chrétiens seront alors pourchassés et persécutés et leur religion sera interdite jusqu’en 313 où l’Empereur Constantin mettra fin aux persécutions puis, dès la fin du IVe siècle, le christianisme devient la religion officielle de l’Empire.

Le premier souverain de Gaule à se convertir par opportunisme plus que par la foi fut Clovis (466/511). Le catholicisme devient en France la principale religion, décrétée « religion d’Etat », fille aînée de l’Eglise, et les rois de France étaient appelés « rois très chrétiens ». Mais déjà, en 431, Nestorius évêque de Constantinople produit une des premières fissures du christianisme entre l’église Byzantine de l’ouest et l’église Assyrienne de l’est.

Le concile de Chalcédoine est le 4ème concile œcuménique et aura lieu dans un quartier chic de la ville d’Istanbul réunissant 343 évêques en 451. L’évêque de Rome, Léon de Grand, pressentant le danger, refuse d’accepter le titre de « Nouvelle Rome » à Constantinople car cela aurait accordé de ce fait la primauté de cette ville sur tous les autres patriarcats. Cela déclenchera le « Grand Shiisme » d’Orient de 1054, lutte de suprématie entre Rome (catholique) et Constantinople (orthodoxe).

Ce problème réglé avec l’Orient, un autre « Grand Shiisme » d’Occident celui-ci, au XIVe siècle, secouera l’église catholique car il oppose dès 1378, les papes concurrents qui s’entredéchirent pour conserver la suprématie et le pouvoir absolu en Occident. De par le monde, de nombreuses dissidences se créent dans l’église catholique et dès le XVIe siècle naissent des courants plus ou moins influents : les anabaptistes, les mennonites, les luthériens, les baptistes, les unitariens, les pentecôtistes, les méthodistes, les anglicans, les calvinistes, les presbytériens……………. Rome longtemps la place réservée de la Papauté, laissera un temps sa place à Avignon qui sera du temps de Bertrand de Got (1264/1314), dit Clément V, le siège de cette même papauté, autorité suprême de l’Eglise catholique.

Dans l’Europe du XIe au XIIIe siècles, la religion chrétienne et l’Eglise sont omniprésentes. Le « Moyen Age Médiéval » est marqué par le renforcement du pouvoir du pape et du clergé. L’encadrement des croyants de l’Eglise se fait jusque dans les évènements importants de leur vie privée (naissances, baptêmes, mariages, décès). Tous les récalcitrants ou dissidents sont sévèrement punis avec le soutien du pouvoir politique. Le pape n’a de cesse que de renforcer son pouvoir face aux grands souverains européens. Ces derniers ne contestent pas le rôle du souverain pontife mais en revanche, ils veulent garder comme prérogative le fait de pouvoir nommer les évêques. Il en résulte que, nommés par les souverains, les grands évêques étaient plus proches du pouvoir impérial que de celui du pape et, par conséquent, avaient un poids non négligeable dans la nomination des papes.

A partir de 1059, l’élection pontificale est faite par les cardinaux. Le nouveau pape Grégoire VII (1073/1085) décide ainsi de renforcer le pouvoir de l’Eglise. Il décide aussi, de nommer lui-même les évêques et faire en sorte que l’Eglise catholique soit totalement dirigée par Rome. Henri IV, empereur germanique, ne l’entend pas de cette oreille et en 1076 et fait comprendre au pape qu’il abuse de la situation. Il faudra attendre 1122 pour que cette question se règle par le « compromis de Worms » qui permet aux souverains de garder l’investiture temporelle (ils proposent des noms) alors que le pape garde l’investiture spirituelle (la nomination).

Grégoire VII envisage de réformer l’Eglise en profondeur et surtout supprimer les abus de certains membres du clergé. En effet, l’Eglise s’enrichit grâce à un impôt très lourd : la dîme. Il est courant que les Grands Prélats vivent dans l’opulence voire le luxe entouré de courtisans et de……………courtisanes. Grégoire V décide de modifier leur mode de vie afin que ces clercs (membres du clergé) se rapprochent des fidèles, favorisent l’expansion du christianisme et, en conséquence, contribueront à maintenir la paix et la justice sociales. Il s’oppose fortement au mariage ou concubinage des prêtres ce qui lui vaut une certaine animosité ambiante.

Le clergé est divisé en deux groupes : le clergé séculier (archevêques, évêques, prêtres, religieuses) directement en contact avec les fidèles et le clergé régulier qui vit généralement dans des monastères (abbés, moines, moniales). Mais au XIe siècle, ce sont les Ordres prônant la pauvreté qui ont le plus grand succès. De nombreux croyants veulent un retour vers un christianisme plus proche de la pauvreté et du dénuement du Christ (débat très important et clivant au sein de l’Eglise). En 1098, Robert de Molesmes quitte une abbaye cistercienne pour fonder l’ordre de Cîteaux (en Bourgogne) : silence, pauvreté, austérité, prières régulières, simplicité de la vie quotidienne, travail manuel……. Mais, malheureusement, ces grands ordres monastiques deviennent peu à peu, de grands propriétaires terriens et s’éloignent rapidement de leur vocation première : ils deviennent riches, des seigneurs à leur tour, font travailler les paysans et leur prélèvent la dîme. Leurs abbés sont souvent des nobles et se rapprochent du pouvoir politique. Ils se couperont des populations et seront plus ou moins rejetés par les fidèles.

Au XI et XIIe siècle, les populations sont très croyantes. Cependant, là aussi, la manière de concevoir la religion est différente entre les élites et la base populaire. Les élites ont une meilleure éducation chrétienne et respectent le dogme religieux. Ces élites intellectuelles, essentiellement des clercs, lisent les textes sacrés et les ouvrages de références. A contrario, 95% de la population est analphabète et n’a qu’une éducation religieuse sommaire donnée par des prêtres qui ne sont pas tous très lettrés. Les croyances populaires sont également souvent polluées de superstitions (sorcières, diables, fantômes) et de la peur d’aller en enfer. Les populations multiplient les rites, les prières, les signes religieux pour sauver leur âme et aller au paradis. Alors, pour ne pas avoir à choisir qu’entre l’enfer et le paradis, l’Eglise crée au XIe siècle le purgatoire, un lieu où les âmes pécheresses séjourneront le temps de se faire pardonner quelques péchés véniels et ainsi mériter le pardon divin et rejoindre finalement le paradis.

Le clergé regroupe ses croyants dans une paroisse, qui correspond aujourd’hui à un village. Les paysans sont ainsi pris entre deux feux : d’un côté l’Eglise et de l’autre le seigneur. On parle d’encellulement et les ruraux sont enfermées à vie dans un système qui les oppresse et ne peuvent en sortir : ils y naissent, y font leur communion, s’y marient, y procréent, puis y meurent.

L’Eglise et son clergé renforcent leur pouvoir mais rejettent et veulent éliminer les autres formes de religion ou de religiosité. Les croisades en sont la forme la plus caractéristique. Véritables pèlerinages armés, elles visent à reconquérir des territoires chrétiens perdus ou menacés. Saint Augustin (un des Pères de l’Eglise) définit ces croisades vers la Palestine et Jérusalem de « guerres justes et saintes ». En réalité, elles n’ont qu’un but : l’expansion du christianisme et la suprématie de l’Eglise. La première croisade a lieu en 1099 pour aller défendre les chrétiens byzantins menacés par des Turcs seldjoukides. Le pape veut instaurer la « Paix de Dieu » mais en réalité, il éloigne les seigneurs qui se querellent en permanence, pour les envoyer conquérir les « lieux saints » et leur promet la rédemption de leurs péchés et le salut de leur âme. Des ordres de moines soldats sont créés : templiers, chevaliers teutoniques……………Plus près de chez nous, une croisade aura lieu sur la péninsule ibérique pour reconquérir les territoires toujours occupés par les musulmans qui capituleront définitivement en 1492 avec la chute de l’Emirat de Grenade.

L’Eglise veut évangéliser les derniers territoires d’Europe du Nord et de l’Est encore païens. Elle ordonne aux chevaliers teutoniques de réduire les dernières zones de paganisme et conquièrent de vastes territoires. Les « ordres mendiants » vivront pauvrement au contact des populations pour finir de les évangéliser.

L’Eglise veut réprimer les derniers foyers de dissidence religieuse mais certains d’entre eux n’hésitent pas à l’affronter : les Vaudois à Lyon, les Cathares dans le Languedoc, les Albigeois dans le Centre……. Le pouvoir politique s’en mêle et les seigneurs du Nord mêlés à certains du Sud affrontent les dissidents Cathares (ou certaines communautés juives) qui seront capturés et exécutés sans autre forme de procès.

Pour rétablir le dogme chrétien et une foi orthodoxe (conforme à la règle) l’Eglise créera les « tribunaux de l’inquisition » au milieu du XIIIe siècle qui sont des tribunaux chargés de la lutte contre les hérétiques mais aussi de leur conversion.

Bien plus tard, en 1801, Napoléon œuvrera pour réconcilier les révolutionnaires et le clergé, établir le Concordat par lequel l’Etat subventionne non seulement le catholicisme mais aussi le judaïsme et les bandes luthériennes et calvinistes (protestantisme). Face à l’opposition croissante des groupes anticléricaux, mécontents de l’emprise et de l’influence de l’Eglise catholique dans l’éducation et la politique, la Troisième République fit une série de réformes qui réduisit cette influence malgré les virulentes protestations des groupes cléricaux qui voulaient garder toutes leurs prérogatives (Ultramontanisme).

En 1905, la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat enlève leur statut spécial aux 4 religions d’Etat mais leur laisse l’utilisation gratuite des bâtiments cultuels dont elles avaient été dépossédées pendant la révolution de 1789.

JD Birebont, novembre 2008

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