Compléments historiques

Les anecdotes relatées ci-dessous sont complémentaires à celles du tome I et pourront apporter un certain éclairage sur les évènements castelnaudais.

On se souvient qu’en 1307, Pierre de Grely avait épousé Assahilde de Bordeaux qui mourut en 1327. Ils eurent une fille, Brunissen, qui se mariera à Bérard d’Albret, fils d’autre Bérard seigneur de Vayres et de Verteuil. Le contrat de leur mariage fut passé dans les cloîtres de l’Eglise Saint André le 18 juin 1336. Veuf d’Assahilde, Pierre de Grely se remarie avec Ayremburge, sœur d’Archambaud comte du Périgord. De ce mariage fut procréé Archambaud de Grely, futur captal de Buch.

Aux environs de Meaux, une révolte paysanne d’environ 40000 individus armés de fourches et de masses, élisent un chef nommé Jacques Bonnerre dont l’insurrection prendra le nom de Jacquerie. Ils conspirent pour la perte de la Noblesse et on ne sauroit exprimer les ravages qu’ils font dans la campagne ni les cruautés horribles qu’ils y exercent. Ils étaient sur le point de forcer la ville de Meaux occupée par le duc d’Orléans et son épouse, lorsque Jean III de Grely, revenant de Prusse avec le comte de Foix et leurs 60 lanciers gascons, entre dans la ville, charge les révoltés et les met en fuite après en avoir tué 7000.

Jean III de Grely commanda les troupes de Charles II roi de Navarre à la bataille de Cocherel en 1364 mais il y fut fait prisonnier par le roi de France. La paix surviendra rapidement l’année suivante entre ces deux rois belligérants grâce à l’aide et le grand sens de Monseigneur le Captal de Buch Jean de Grely. Le roi de France lui en témoigna beaucoup de bienveillance et en reconnaissance, lui donna la terre et le château de Nemours. La satisfaction du roi de France fut de courte durée car, de retour auprès du prince de Galles, Jean III de Grely dépêcha son écuyer pour renvoyer son hommage au roi de France et à renoncer au don qu’il en avait reçu. Il en fut rapidement dédommagé par le roi de Navarre qui, par Lettres Patentes du mois de mai 1365, lui assigna 3000 livres et la châtellenie de Conches en Normandie. Pour ne pas être en reste, le prince de Galles voulant récompenser les différents services rendus par Jean III de Grely, lui donna (et à ses descendants mâles) le comté de Bigorre avec tous les droits qui en dépendaient (Lettres Patentes du 27 juin 1369 faites à Angoulème). Mais la guerre ne tarde pas à se rallumer entre la France et l’Angleterre et Jean III de Grely fut à nouveau fait prisonnier en 1372. Charles V, roi de France, refusa de rendre le captal de Buch aux anglais car il étoit pour ce jour le Chevalier de Gascogne et d’Angleterre que le roi de France désiroient le plus à tenir parce qu’il étoit moult fort hardi et bon Capitaine. Jean III de Grely mourut dans sa prison en 1377 et enseveli dans l’Eglise du Temple de Paris.

Sans postérité, ce sera donc son oncle Archambaud de Grely (fils de Pierre II et d’Ayremburge du Périgord) qui héritera de la seigneurie de Castelnau en Médoc le 19 octobre 1380. Archambaud épouse Isabelle de Foix, dame de Navailles, fille de Roger Bernard Vicomte de Castelbon, et c’est l’évêque d’Urgel en Catalogne qui leur impartit la bénédiction nuptiale au château de Civrac le 20 août 1381. En 1399, Mathieu de Castelbon, comte de Foix et de Béarn, meurt sans postérité et c’est Isabelle de Foix, sœur unique de Mathieu, qui hérite de tous ses biens et rattache ainsi les comtés de Foix et de Béarn à la maison de Grely. C’est depuis cette période que la branche de Grely n’a plus été connue que sous le nom de branche de Foix.

Archambaud de Grely, avant même de devenir comte de Foix, était un des principaux seigneurs du pays bordelais. On peut juger de son influence lorsqu’il s’opposa vigoureusement au duc de Lancastre en 1394, fraîchement élu duc de Guienne par Richard II roi d’Angleterre par Lettres Patentes du 2 mars 1389 faites à Westminster. Arrivé à Lormont le 9 février 1394, le duc de Lancastre n’obtint l’autorisation que de s’installer à Saint-Seurin et ce n’est que le 14 mars suivant, après d’âpres négociations, qu’Archambaud obtient de ce même duc de Lancastre la ratification de la possession de la seigneurie de la Tresnes ainsi que celle de la Mothe en Buch. De son mariage avec Isabelle de Foix, Archambaud aura 5 enfants mâles. Ce sera son second fils Gaston qui héritera des terres avec, entre autres, le château de Castelnau (titre daté du 20 juin 1432, voir tome I ).

Plus tard, Gaston III de Foix, est qualifié le 4 décembre 1529 et le 8 mai 1538 : seigneur , Baron de Castelnau. Il avait épousé en premières noces, Catherine de Lescun fille d’Odet Deydie, Vicomte de Comminges et de Marie de Lescun. Veuf, il épousa en secondes noces Marthe fille héritière de Jean III comte d’Astarac. Il fut père en premier lieu de François de Foix (Comte de Candale), de Christophe de Foix (évêque d’Aires décédé en 1569) et de François de Foix de Candale (successeur de son frère décédé à l’évêché d’Aires). Ce prélat fonda une chaire de Mathématiques au Collège de Guienne le 29 juillet 1591 et l’enregistra au Parlement par devant le notaire Dechadirac le 6 août suivant. Puis, Gaston III de Foix et Marthe d’Astarac furent parents de 2 filles : Marie de Foix de Candale (future Vicomtesse de Ribérac, ce sera cette dernière que l’évêque d’Aires François instituera comme héritière universelle le 15 mai 1592). Enfin, naîtra en dernier, Jacqueline de Foix de Candale.

Le premier fils de Gaston III, François, se mariera avec Françoise de la Rochefoucault et ils auront un enfant Henri de Foix de Candale qui épousera Marie de Montmorency ( Pair et Connétable de France). Henri fut tué au siège de Sommières et laissa deux filles : Françoise, qui sera abbesse de Sainte-Glossine de Metz, et Marguerite de Foix de Candale l’aînée qui fut l’héritière universelle de Henri et Marie. Elle se mariera en 1587 avec Louis Nogaret de la Valette, duc d’Epernon.

Comme je le rappelle sur le tome I, la seigneurie de Castelnau est considérée comme la plus considérable du Médoc après celle de Lesparre et de Blanquefort. Elle jouit du droit de Haute Justice sur les paroisses ou quartiers de Castelnau, Salaunes, le Porge, Listrac, Cussac, Moulix, y compris Broustéra et Bouqueyran, Courgas aujourd’hui Saumos et Sérigas.

Enfin, on est en droit de penser que, lorsque le bourg de Castelnau commença à se former, on sentit la nécessité de construire une église (chapelle) attenante au château, annexe en premier lieu de l’archiprêtré de Saint-Saturnin à Moulix, dans les anciens pouillés du Diocèse. Un peu plus tard, cette église est devenue maîtresse de ses droits et c’est par ces diverses gradations que s’est formée la paroisse de Castelnau qui n’est pas, à beaucoup près, très ancienne. On dénombre en 1770, 245 feux (foyers) ce qui supposeroit une population de 1225 personnes. 4 foires annuelles les samedis : le jour des Cendres, avant le jour des Rameaux, avant le dimanche de la Trinité et avant la fête de la Toussaint.

Pour terminer, un petit rappel : au XIVe siècle, l’abbé Expilly prétendra que Castelnau était l’emplacement de la ville engloutie de Noviomagus ce qui paraîtra dépourvu de toute vraisemblance aux historiens car, à ce jour, aucun vestige d’antiquité n’a été mis à jour sur le territoire de notre commune (même pas l’existence du souterrain du château, dommage).

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