Les roturiers

Roturier, du latin ruptarius, celui qui brise la terre. La roture est un terme générique pour désigner l’ensemble des roturiers, c’est-à-dire des personnes non nobles, en tant que classe sociale inférieure. Le terme roture est souvent employé dans un sens péjoratif.
Les roturiers étaient primitivement les serfs attachés à la glèbe. Puis on désigna sous l’Ancien Régime en France par ce nom de roturiers, les bourgeois vivant de leurs biens et de leurs charges quand ils en avaient, les artisans, les laboureurs, les manouvriers, les brassiers : en un mot, tous ceux qui n’étaient ni nobles ni ecclésiastiques.
Les roturiers ne pouvaient arriver ou que très rarement aux grades supérieurs dans l’armée. Ils payaient seuls la taille et les accessoires de la taille (taillon, crue d’aide (1)….) et étaient également seuls à être soumis à la corvée, à la milice……………. Les lois pouvaient être différentes pour les nobles et les roturiers. Ainsi, pour certains crimes, le roturier était condamné à être pendu mais le noble lui, était décapité.
Le roturier ne pouvait sortir de sa situation et être anobli qu’en obtenant du roi des lettres de noblesse, ou en achetant des charges et des offices qui conféraient la noblesse. La situation financière de certains bourgeois enrichis dépassait parfois largement celle de petits nobles. Il y avait des terres roturières qui pouvaient même appartenir à des nobles et qui étaient soumises à l’impôt.
Dans l’ancien régime, les biens se répartissaient entre biens nobles et biens roturiers :
• le bien roturier par excellence était la censive, une propriété foncière (pouvant être aux mains d’un noble) qui devait un cens à son seigneur direct
• le bien noble par excellence était le fief; sa possession, y compris par un roturier, nécessitait l’acte de foi et hommage (promesse de fidélité envers le seigneur dominant sous peine d’être dessaisi du bien) et donnait la qualité de seigneur.
Il était de rigueur autrefois pour les monarques et les héritiers des familles royales de se marier avec d’autres royaux, ou au moins des nobles prééminents et riches. Or, plusieurs membres des royautés d’Europe se marient désormais avec des roturiers. Les actuelles reines Silvie de Suède et Sonia de Norvège, de même que les épouses des princes héritiers d’Espagne (Letizia) du Danemark (Mary) des Pays-Bas (Maxima) de Norvège (Mette-Marit) ou encore d’Angleterre (Camilla)……….
Le mot roturier n’est guère plus usité de nos jours, même dans les pays où une noblesse existe encore, hormis au Royaume-Uni (commoner).
JD. Birebont, septembre 2008

(1) Le taillon est un nouvel impôt institué en 1549 par le roi de France Henri II

Ce contenu a été publié dans Les chroniques de Daniel. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.